Tifenn CHAUVET-GAULTIER (Master GEDOS, 2020), Principale de collège
Tifenn CHAUVET-GAULTIER, diplômée en 2020 du Master Gestion Des Organisations Scolaires (GEDOS) est principale d’un collège dans le sud de la Seine-et-Marne, à Provins. Elle a accepté de nous parler de son master un peu particulier.
Dans une situation de crise ou problématique, il faut que tout le monde puisse en sortir la tête haute.
Quels sont les postes occupés depuis la fin de votre formation ?
J’étais déjà cheffe d’établissement avant de m’inscrire dans ce master et j’occupe à l’heure actuelle toujours ce même type de poste puisque ce diplôme est lié à une fonction qu’on occupe.
Quelles sont vos différentes missions ? Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?
Dans mes fonctions de personnel de direction, la dimension qui m’anime le plus est celle de l’accompagnement des personnels, cela regroupe toutes les questions autour du management des équipes, du pilotage de la structure et de la conduite du changement.
Ce qui m’intéresse tout particulièrement dans mon métier, c’est de faire en sorte que les différents interlocuteurs au sein de l’établissement scolaire puissent s’y sentir bien. La relation de confiance doit prévaloir de manière conséquente pour qu’on décide ensemble d’apporter des changements au fonctionnement de l’établissement.
À mon sens, il est plus intéressant de mettre en place un pilotage partagé de l’organisation qu’un pilotage descendant car il est souvent peu probant. Dans les établissements scolaires, il ne me semble pas être adapté à la mise en œuvre du changement.
Quel est votre meilleur souvenir du Master ?
Mon meilleur souvenir de master, était un cours de management avec Catherine Maman. Il m'a beaucoup marqué et m’habite désormais au quotidien dans toutes les décisions que je prends. Elle nous a dit “le passage en force n'est jamais la bonne solution”. Ses cours de management étaient passionnants mais cette phrase avait eu un écho particulier pour moi.
Je suis convaincue que le positionnement du manager est prégnant quant à la manière dont l'organisation fonctionne. Et donc, c’est vraiment quelque chose que je garde et garderai en tête tout au long de ma carrière.
Je pense effectivement que si on suit ce principe en permanence, cela nous permet d'aborder les choses un peu différemment. Être en capacité à un instant T, où les choses se crispent, de prendre du recul et trouver une autre manière que le passage en force pour résoudre le problème. Moi, j'ai personnellement complété ce conseil par “Dans une situation de crise ou problématique, il faut que tout le monde puisse en sortir avec la tête haute”.
Je ne vois pas comment on peut donner aux élèves ce que l’on ne reçoit pas soi-même.
Avec le recul, que vous a apporté le Master pour votre carrière, ou pourquoi pas, pour votre développement personnel ?
Pour mon développement personnel : un vrai enrichissement. Je trouve que dans nos fonctions de personnel de direction c'est parfois un peu difficile de prendre du recul, de mettre les choses à distance, de se détacher du quotidien. Il est d’ailleurs très chargé, dans les tâches que l'on doit accomplir d’une part, mais également en termes d'émotions. Il faut faire un vrai travail sur la gestion du stress.
Ce master m'a également permis d’avoir des analyses un peu fines de situations types que l'on peut rencontrer dans les établissements. Au quotidien, on réussissait à aborder des situations similaires parce que l'expérience faisait qu’on trouvait des solutions. Néanmoins, j’ai pu me servir de supports théoriques et de concepts pour mettre des mots sur cette manière un peu instinctive finalement que j’avais de résoudre le problème. C'était très enrichissant.
Dans mon épanouissement personnel, cela m'a permis de rencontrer des professeurs avec lesquels il était toujours très agréable d'échanger. Et ce, y compris lorsque nous n'avions pas les mêmes points de vue et qui arrivait de temps en temps. Il m’a été possible de croiser les regards avec d'autres collègues dans de différents établissements scolaires. On a, en effet, assez peu l'occasion d'échanger entre pairs, sur la réalité de nos établissements.
Et puis évidemment un gros enrichissement personnel ! Je n'aime pas trop les situations où on ne se met pas en danger intellectuellement et on se laisse un peu vivoter. C’est en cela donc qu’une petite stimulation intellectuelle est venue fort à propos. Cela a été vraiment un plaisir de suivre ce master.
D’un point de vue professionnel, je pense que je ne suis plus tout à fait la même cheffe d’établissement. Alors évidemment, c’est une identité en construction permanente. Quand on est professionnel on n’est pas le même professionnel au moment où on débute ses fonctions et vingt ans plus tard, c’est inévitable. Ce master m’a permis d’asseoir davantage le chef d’établissement que je voulais être. J’étais déjà investie de cette certitude en amont qu’il fallait s’intéresser aux questions du bien-être du personnel et de la qualité de vie au travail. Je suis convaincue, bien qu’elles soient sous-exploitées dans les établissements scolaires, qu’elles sont pourtant absolument centrales, et même, fondamentales. Je ne vois pas comment on peut donner aux élèves ce que l’on ne reçoit pas soi-même.
Cela m'a permis vraiment de savoir quel chef d'établissement je souhaitais devenir et quelle direction désormais je prendrai lorsque j'arriverai à la tête d'un nouvel établissement scolaire. La question du bien-être, de la confiance, de la communication bienveillante ... Ce sont des éléments auxquels je suis attachée moi personnellement. Je tâche , au travers de mes pratiques quotidiennes, de les transmettre à mes différents collaborateurs afin que cette dynamique collective puisse s'inscrire sur le long terme et que chacun puisse s'y retrouver.
Avez-vous gardé des contacts avec d’autres camarades de promotion ? Que sont-ils devenus ? Y en a-t-il un dont le parcours est original ou exemplaire ?
Mais oui ! Nous avons toujours un groupe Whatsapp donc nous savons respectivement dans quels établissements nous sommes. Nous avons toujours beaucoup de plaisir à se recroiser. Ce master a permis bien sûr de tisser des liens, de découvrir des personnes sous d’autres angles que simplement professionnels. J’ai recontacté un des professeurs dernièrement, je considère que ce sont des interlocuteurs vers lesquels je peux me tourner si j’ai besoin d’avoir leur regard, de leur appui, de leur soutien … Je sais que je recevrai évidemment une réponse favorable de leur part et je trouve cela très appréciable.
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