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Sylvie CHEVRIER, Professeure des universités : management et international

Paroles d'enseignants-chercheurs

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20/08/2025


"Lors d’un entretien, une infirmière qui souhaitait souligner la distance entre les autorités gouvernementales situées dans la capitale et la réalité de sa ville du Havre Saint Pierre, nous a dit « Il faut bien comprendre que la route est arrivée au Havre Saint Pierre après qu’on ait marché sur la Lune ! »."

Sylvie CHEVRIER enseigne depuis 1999 le management au sein de l'Université Gustave Eiffel et l'IAE Paris-Est. En plus de ses activités d'enseignements, cette Professeure des universités a plusieurs casquettes : chercheuse en management mais aussi Vice-présidente International adjointe au sein de l'Université. Retour sur son parcours.


Bonjour Sylvie. Pourriez-vous présenter votre parcours scolaire et professionnel s’il vous plaît ?

J’ai débuté mes études supérieures dans une école de commerce en France et pour la suite, j’ai décidé de m’envoler vers le Canada. Là-bas, j’ai obtenu un MBA et ai poursuivi par un Doctorat sur le management des équipes interculturelles à Montréal.

De retour en France, j’ai occupé un poste de Consultante en management et innovation des services durant 4 ans. En parallèle, puisque je voulais enseigner, j’ai donné des cours dans plusieurs écoles, principalement à l’ESSEC. J’ai beaucoup appris durant cette période car, si l’on a coutume d’opposer les consultants vendeurs de solutions standardisées et la recherche fondamentale à long terme, j’ai au contraire fait l’expérience de la proximité entre le conseil-étude et la recherche-action.

Puis, j’ai décidé de me consacrer totalement à l’enseignement et à la recherche. J’ai donc obtenu la qualification aux fonctions de Maître de conférences, passé le concours et suis arrivée à l’Université de Marne-la-Vallée (ancien nom de l’Université Gustave Eiffel) en 1999.

J’ai co-créé avec Catherine MAMAN le Master Gestion des Ressources Humaines en 2005. J’ai soutenu une Habilitation à Diriger des Recherches (HDR) à Dauphine et passé le concours de Professeur des universités en 2009 – ce qui m’a amenée à occuper un poste 2 ans à l’Université d’Évry. J’enseigne aujourd’hui dans trois formations de l’UFR de Sciences Économiques et de Gestion : la Licence 3 Management International (où je suis co-responsable de formation), le Master Gestion des Ressources Humaines et Transformations du Travail et des Organisations et le Master Development Economics and International Project Management.

Aussi, depuis 2020, je suis Vice-Présidente International adjointe au sein de l’Université Gustave Eiffel. Mes collègues et moi contribuons à la définition de la stratégie internationale de l’université. Nous mettons en œuvre la politique internationale à travers la gestion des outils incitatifs (appels à projets internes pour l’internationalisation de la formation et de la recherche), le développement des partenariats (accueil des délégations internationales, visite des universités pressenties pour un partenariat…). Au sein de la Vice-Présidence International, mon rôle est d’accompagner les porteurs de projets de formation et de recherche internationaux, comme par exemple les blended intensive programs, en les mettant en relation avec des partenaires. Enfin, je m’occupe de la coordination des 11 universités partenaires de l’alliance universitaire PIONEER, ce qui occupe la majeure partie de mon temps !

 

Pourriez-vous nous parler de vos travaux de recherche ?

J’ai développé une expertise sur le management interculturel depuis mes recherches doctorales, ce qui m’a amené à travailler sur l’intégration professionnelle des personnes migrantes. On s’est rendu compte que nous sommes de nombreux collègues - Marine DE TALANCÉ, Manon DOMINGUES DOS SANTOS et Emmanuel VALAT - à travailler sur les mêmes thématiques, mais sous un prisme différent. Nous envisageons de creuser les synergies possibles…

Je n’ai en ce moment malheureusement plus le temps de faire de la recherche terrain, ce qui était ma partie préférée de la recherche… J’encadre désormais des doctorants qui font ce travail de terrain et nous travaillons ensemble sur l’analyse des données et la publication. Parmi nos travaux les plus récents, nous avons réalisé l’analyse d’un programme de mentorat pour les personnes migrantes. Le terrain de cette recherche a été le programme d’accompagnement des réfugiés de l’association Each One mis en œuvre à l’IAE Paris-Est Nous avons analysé des dyades mentors-mentees afin de comprendre les conditions organisationnelles pour que ces duos fonctionnent.

Article de référence, disponible dans la galerie des documents : Chevrier, S., Goiseau, E., Lugosi, P., & Rase, J. (2023). Managing mentoring for the labor market integration of humanitarian migrants. Journal of International Management, 29(6), 101062. https://doi.org/10.1016/j.intman.2023.101062 


"L’enjeu est des migrations est très important : migrations économiques, issues de conflits, climatiques... [...] C’est un sujet sur lequel il faut des travaux sérieux pour informer et lutter contre la désinformation, les clichés et la xénophobie ambiante."

Pourquoi avez-vous fait le choix de vous spécialiser en management international ? 

Aussi loin que je puisse m’en souvenir, j’ai toujours eu un goût pour l’international. Mon expérience au Canada n’a fait que l’accentuer.

Aujourd’hui, l’enjeu est des migrations est très important : migrations économiques, issues de conflits, climatiques... L’objectif des gouvernements européens qui consiste à essayer de garder les migrants en dehors de l’Europe est irréaliste, il est indéniable qu’il va falloir apprendre à vivre avec les migrations. C’est un sujet sur lequel il faut des travaux sérieux pour informer et lutter contre la désinformation, les clichés et la xénophobie ambiante. En tant que chercheurs, nos travaux qui s’appuient sur des méthodes scientifiques doivent offrir un contre-discours basés sur des faits réels face aux discours idéologiques.

 

Quel serait votre souvenir le plus marquant en tant que chercheuse ?

Assurément, les immersions sur le terrain et la découverte de différents milieux ! Un des plus marquants remonte à mon mémoire de recherche de Maîtrise, soit juste avant ma thèse. J’étais Assistante de recherche au sein de l’Université de Laval au Québec et mon responsable et moi travaillions sur les cultures professionnelles dans les centres de santé.

Notre terrain de recherche était situé dans une région très excentrée sur la côte nord du Québec. Nous y sommes arrivés en plein hiver sous une neige abondante. Lors d’un entretien, une infirmière qui souhaitait souligner la distance entre les autorités gouvernementales situées dans la capitale et la réalité de sa ville du Havre Saint Pierre, nous a dit « Il faut bien comprendre que la route est arrivée au Havre Saint Pierre après qu’on ait marché sur la Lune ! ». Cette image en disait long sur le niveau d’isolement ressenti par les habitants de la ville !

 

Merci Sylvie ! Quelles seront les prochaines étapes de vos travaux ?

Je vis l’interculturel au quotidien grâce à l’alliance PIONEER. C’est une matière à exploiter pour mes futures recherches. Aussi, plus fondamentalement, je vais continuer à travailler sur les questions de migration et intégration car le sujet est loin d’être épuisé.

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